Santa aux Nuits de Saint-Jacques

Charismatique chanteuse de Hyphen Hyphen, Santa revient avec le nouvel album de ce groupe lauréat, en 2016, de la Victoire récompensant la révélation scène de l’année. Mais c’est avec un fulgurant premier EP à son nom, « 999 », entièrement en français, qu’elle exprime une facette artistique qu’elle n’a jamais dévoilée auparavant. Cet EP augure superbement de l’album de Santa prévu pour la suite…

Point important pour elle, cet opus a reçu l’assentiment, et même les encouragements, de Line et Adam, ses acolytes de Hyphen Hyphen. Dans cet EP de cinq titres qui sortira le 9 septembre, nous découvrons une « néo-variété » à la riche palette, qui, avec autant de sens que de sensibilité, nous bringuebale entre odes à l’amour, exhortations à l’émancipation et hymnes à la joie. « Je veux habiller mes chansons d’une variété nouvelle, que je nomme néo-variété, souligne-t- elle. En tant que productrice, j’ai envie de peaufiner une signature, qui conjugue de grandes mélodies, avec un vrai travail sur le son ». Son univers singulier se déploie sans limites (sauf celle d’une pudeur assumée), des abysses du spleen jusqu’aux flots tempétueux de l’indignation, mais, surtout, pour s’élever vers les altitudes les plus radieuses de l’espoir, et célébrer les vertus de l’utopie.

Une positivité qu’elle cultive, en dépit des tribulations qui agitent la planète. « Je chante pour ceux qui restent, pour la mémoire perdue / J’écris une chanson détresse avec vue / J’écris une chanson promesse en veux-tu ? », demande-t-elle, de sa voix colombe qui nous emporte sur ses ailes, dans Où va le temps qui s’en va. Un piano et des brassées de cordes ouvrent, crescendo, l’espace, toujours plus vaste, toujours plus haut. Puis, éperonnés par la batterie, ils irisent le chant de moirures stellaires.

S’appeler Santa, anagramme de Satan, c’est, non sans espièglerie, faire la nique à l’infortune et aux esprits diaboliques. « C’est choisir son camp, confie-t-elle. Pour moi, la dualité des choses est à sonder assidûment. Car la réalité est beaucoup plus complexe qu’on veut trop souvent nous le faire croire à travers des schémas préétablis. Au-delà des déchirements, j’ai veillé à ne pas basculer dans une discordance négative, et tenté de twister mes drames personnels en feux de joie ».

Si l’interprète, multi-instrumentiste, autrice et compositrice recourt parfois à l’uppercut, c’est pour mieux revenir à l’épicentre de son âme et de son art : l’amour. Ce qu’illustre magnifiquement le premier single, dont le clip a été acclamé dès sa sortie, le 25 mars : PopCorn Salé, grande déclaration d’amour adressée, dans le vacarme contemporain, à la bien-aimée, au gré d’un piano- voix dépouillé, dense. « Je t’emmène loin regarder le monde s’écrouler / Y’aura du popcorn salé / Y’aura un nouveau monde à nos pieds (…) / J’éteindrai le chaos, tu seras ma femme ». Elle explique : « J’ai envie de me raccrocher à quelque chose de pur – l’amour – plutôt qu’à ces sentiments très terriens, ces ambivalences qui nous habitent toutes et tous. Ce chaos, je l’ai senti dès mon plus jeune âge, que ce soit au niveau « micro » – ma vie – ou au niveau « macro » – les séismes que subit le monde. Dans mes textes, j’essaie de proposer une double lecture qui permette de relier l’intime et l’universel ». Le feu brasille en sa voix, les mots semblent directement jaillis de ses entrailles…